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Covid-19 - UCIL - le Point : départements touchés par la crise.

D'abord, un constat : l'épidémie due au coronavirus reste très concentrée dans deux régions françaises, le Grand Est et l'Île-de-France. « Sans doute grâce aux mesures de confinement, le virus s'est peu propagé à d'autres régions, et il touche d'abord les zones urbanisées, denses, où les interactions sont les plus fortes, explique Olivier Bouba-Olga, chercheur en sciences sociales et professeur à l'université de Poitiers. On remarque aussi cette tendance en Italie, en Espagne et aux États-Unis, puisque les zones concernées sont avant tout Paris, Milan, Madrid et New York. »

Pour analyser plus finement l'impact de l'épidémie en France, le géographe a réalisé une étude par département. Il a d'abord rapporté le nombre de décès liés au Covid-19 à la population de chaque département, afin d'identifier un taux de mortalité, un indicateur plus pertinent que le nombre brut de décès. Parmi les trois régions les plus touchées par l'épidémie (Grand Est, Île-de-France et Bourgogne Franche-Comté), le département qui présente le taux le plus élevé est, du fait de sa très petite taille, le Territoire de Belfort, avec près 792 morts par million d'habitants. Viennent ensuite le Haut-Rhin (où s'est déroulée la manifestation religieuse de Mulhouse, point de départ important de l'épidémie dans l'Est), avec 770 morts par million d'habitants, la Moselle (463), les Vosges (456), Paris (425), le Val-de-Marne (385), les Hauts-de-Seine (313), le Bas-Rhin (311), la Seine-Saint-Denis (302). Les moins touchés des départements métropolitains sont la Lozère (0), l'Ariège (7), le Tarn-et-Garonne (11), le Lot et le Lot-et-Garonne (12), le Finistère (14).

 

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La carte des départements selon la chute de leur activité économique.

L'économie de chaque département est affectée de manière différente, non pas en fonction du nombre de morts, mais de son tissu économique.

 

Pour identifier les zones les plus durement frappées, Olivier Bouba-Olga a utilisé le point de conjoncture de l'Insee du 9 avril, une synthèse bimensuelle de l'activité en France, secteur par secteur. Le chercheur a ensuite croisé ces données avec les activités prédominantes dans chaque département. « Ils sont tous touchés, mais l'impact varie. Les départements très spécialisés dans l'agroalimentaire, un secteur qui ne souffre pas trop de la crise, ne perdent que 35 % environ d'activité, alors que ceux qui sont tournés vers l'hébergement et la restauration subissent une chute d'environ 45 % », explique Olivier Bouba-Olga.

La Creuse et la Lozère s'en sortent grâce à la fonction publique

Sans surprise, les départements où le poids du tourisme est prépondérant sont donc les premières victimes économiques du virus (voir la liste ici). L'activité de l'hébergement et de la restauration a en effet chuté, en France, de 90 % ! Avec un poids de 12 % dans son PIB (contre 4 % en moyenne en France), la Savoie est aux premières loges. La baisse d'activité par rapport au PIB est ainsi de 43 %, et de 42 % en Haute-Savoie et dans les Hautes-Alpes. Les Alpes-Maritimes subissent un revers d'une même ampleur, puisque l'activité baisse de 43 %.

Les autres départements les plus frappés le doivent à leur tissu industriel, qui encaisse le contrecoup de la crise : le taux de croissance de l'Ain chute de 44 %, ceux du Rhône et de la Vendée de 43 %. De façon générale, tous les départements de l'Île-de-France sont durement atteints. La forte proportion de services marchands, qui chutent de 39 % en France, affecte l'activité de la Seine-et-Marne (- 46 %), de l'Essonne (- 45 %), de la Seine-Saint-Denis (- 44 %) ou encore de Paris (- 42 %).

À l'opposé, les départements qui s'en sortent le mieux sont ceux où les services non marchands, c'est-à-dire la fonction publique, prédominent. L'activité économique de la Creuse et de la Lozère ne fléchit ainsi que de 36 %, beaucoup moins que la moyenne française (- 41 %).

À noter que l'Ouest, où l'industrie agroalimentaire est très présente, s'en tire plutôt bien. « Cette étude mesure le choc du moment, tempère le chercheur. Elle ne préjuge pas de l'avenir immédiat, quand le confinement sera allégé. Certains secteurs repartiront en effet plus vite que d'autres. » Sur les plages des Alpes-Maritimes et dans les usines de Vendée, on doit croiser les doigts.

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